ACTUALITÉS - AGENDA

« Supprimer le CSCEE et exclure les PAC des fiches CEE désembouage : un double non-sens pour la transition énergétique ! » selon Cyril Radici, DG du Synasav.

 

Que vous inspire la menace qui plane sur la suppression du Conseil Supérieur de la Construction et de l’Efficacité Énergétique (CSCEE) ? 

Cyril Radici : C’est une décision à la fois incompréhensible et très préoccupante. On ne parle pas d’un « comité Théodule » comme certains le sous-entendent. Le CSCEE est une instance technique, pluraliste, indépendante, utile, respectée par la filière et efficiente pour l’État. L’Assemblée nationale et le Sénat y sont représentés. Le CSCEE ne coûte rien au contribuable : aucun membre n’est rémunéré, il ne possède pas de moyens propres et son secrétariat est assuré par la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature. Et surtout, il joue un rôle crucial dans la co-construction de la réglementation.

 

On évoque pourtant une volonté de simplification…

La simplification, oui. Mais la suppression du CSCEE ne simplifie rien, au contraire. Cette décision a été prise dans une ambiance de confusion, sans étude d’impact sérieuse, sur la base d’amalgames regrettables. Le CSCEE émet une vingtaine d’avis par an, souvent critiques et constructifs. Il a pesé sur des textes structurants comme la RE2020 ou le DPE. Ce lieu d’échange entre l’administration, les parlementaires, les professionnels et les associations est vital, surtout à l’heure où la construction et la rénovation sont en crise. Je rappelle que nous traversons une baisse historique de la construction. C’est désormais la Commission Mixte Paritaire (CMP), prévue pour le 12 juin, qui devra trancher définitivement sur le maintien ou non du CSCEE. Le SYNASAV est pleinement mobilisé pour faire entendre la raison et défendre cette instance essentielle pour la filière. 

 

« Exclure les PAC des fiches CEE désembouage, un non-sens technique et climatique ! »

 

L’autre sujet brûlant est le projet de révision des fiches BAR-SE-108 et BAR-SE-109. Qu’est-ce qui vous inquiète ? 

Nous avons découvert avec stupéfaction que le désembouage des installations de chauffage alimentées, même partiellement, par une pompe à chaleur (PAC) serait exclu des opérations standardisées éligibles aux certificats d’économies d’énergie (CEE). C’est une incohérence totale avec les objectifs de décarbonation et de sobriété énergétique. Pourquoi pénaliser une technologie performante, mature, et au cœur des trajectoires de rénovation énergétique ? La pompe à chaleur est plébiscitée par les Français, soutenue par l’ADEME, et figure au cœur de la stratégie bas carbone nationale, et pourtant le marché reste atone. En l’écartant de ces fiches, on envoie un signal négatif aux particuliers, aux professionnels et aux industriels. 

 

 Rappelons qu’une panne sur trois est liée à une mauvaise qualité d’eau 

 

Dans ce contexte, le désembouage est essentiel non seulement pour la longévité des équipements, mais également pour les économies d’énergie. À moins que certains technocrates aient intégré dans leurs calculs les vertus énergétiques des appareils forcés d’être à l’arrêt et qui ne consomment plus, de fait, d’énergie. 

Pour être très sérieux, comment peut-on imaginer sortir les PAC des fiches CEE désembouage, alors que les pouvoirs publics s’étonnent eux-mêmes de la chute vertigineuse du marché des PAC en 2024 ? « Ne pas casser la confiance dans cette technologie » ! Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le chef du Gouvernement.  

Tout ce qui va contribuer à générer des contre-références sur les PAC avec les pannes liées à l’embouage va forcément contribuer à casser la confiance dans cette technologie ! C’est complètement contradictoire. Si ce projet passe en l’état, cela va mécaniquement impacter la perception du marché et ralentir le développement d’une technologie essentielle à l’atteinte de nos objectifs de décarbonation et que le SYNASAV soutient totalement....

Lire la suite de l'article