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L’INTERDICTION DES CHAUDIÈRES AU GAZ « PAS PRÉVUE À CE JOUR » PAR LE GOUVERNEMENT

Le gouvernement « n’a pas à ce jour l’objectif »  d’étendre l’interdiction des chaudières au gaz aux logements anciens a indiqué mardi le ministre délégué chargé de la Ville et du logement Olivier Klein, lors de la traditionnelle séance de questions au gouvernement.

Si, depuis le 1er janvier 2022, la réglementation environnementale dite RE2020 interdit les solutions de chauffage exclusivement au gaz dans les maisons neuves – interdiction étendue dès 2025 aux logements collectifs -, la possible interdiction des chaudières à gaz dans le bâtiment, évoquée au plus haut sommet de l’État ces dernières semaines, a été l’objet d’une question du député Liot du Morbihan Paul Molac, à la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, en déplacement sur le site de de l’Union des forgerons où les parlementaires de la commission d’enquête parlementaire sur la perte de la souveraineté énergétique de la France lui ont remis leur rapport présenté la semaine dernière.

La chaudière est-elle menacée ? 

« Aujourd’hui, le bannissement du gaz ne concerne que le neuf mais qu’en sera-t-il demain ? » a demandé Paul Molac, relayant les inquiétudes de la filière gazière et de manière plus large celles de la filière du bâtiment, des artisans, des agriculteurs producteurs de biométhane mais aussi des Français qui s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat dans un contexte fortement inflationniste. « L’objectif qui est le nôtre est de produire une énergie la plus décarbonée possible (…) mais il n’y a pas à ce jour d’objectif d’interdiction de la production de chauffage et de l’eau chaude sanitaire dans le logement ancien », a indiqué M. Klein. « C’est un travail que nous devons mener collectivement avec l’ensemble des acteurs et des fournisseurs pour être équilibré, mais en nous tenant à l’objectif de décarbonation qui est le nôtre« , a-t-il ajouté. Interdire le renouvellement des chaudières à gaz dans les logements existants, cela obligerait à remplacer le parc de chaudières à gaz par des pompes à chaleur, un équipement plus cher, rempli de composants fabriqués en Asie et dont l’usage démultiplierait massivement les besoins en électricité. L’électrification massive des usages à court terme n’aurait pas « les effets escomptés sur la réduction de CO2 » et pourrait impacter le pouvoir d’achat des Français et l’équilibre du système énergétique, soulignait il y a quelques jours la directrice générale de GRDF, Laurence Poiriet-Dietz. Un choix qui serait difficile à comprendre pour la filière à l’heure alors qu’une loi de réindustrialisation prônant l’industrie verte est attendue en juin, et que la France possède un savoir-faire reconnu dans l’industrie de la chaudière et que les ministres multiplient les annonces autour de la souveraineté énergétique et industrielle. « Dans le secteur du bâtiment, il faut viser une complémentarité des vecteurs énergétiques et répondre à une logique pragmatique de décarbonation des usages en fonction de la pertinence des technologies et des disparités territoriales et sociales » rappelait à Gaz d’aujourd’hui Jean-Charles Colas-Roy, président de l’association Coénove.

 

De nombreux agriculteurs ont investi dans la méthanisation, qui participent à la décarbonation des usages gaz sur nos territoires rappelle l’élu d’un territoire où la méthanisation est particulièrement développée, principalement en cogénération. « Ce n’est certainement pas le moment de mettre fin à cette filière aux retombées positives » insiste Paul Molac, interrogeant le gouvernement pour savoir si à terme le gaz vert sera « purement et simplement abandonné ». En France, la production de biométhane correspondait à un peu plus de 2 % de la consommation totale de gaz (430 TWh) l’année dernière. En 2030, la filière des gaz renouvelables estime qu’elle peut atteindre 20 %. Une ambition parfaitement réaliste qu’elle espère voir inscrite dans la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie qui sera étudiée au Parlement d’ici la fin de l’année.

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